Quick Response Manufacturing : L’agilité, moteur de compétitivité et de croissance

Analyse

Créé aux Etats-Unis il y a 21 ans par Rajan Suri, le Quick Response Manufacturing (QRM) vise à supprimer les temps morts dans les étapes de production et de décision des entreprises. Une méthodologie qui s’appuie sur les collaborateurs, leur connaissance des mécanismes et process pour diminuer les éventuels blocages. L’EM Strasbourg organisait le 2 février 2017, dans le cadre de sa Chaire FM Logistic, une conférence avis d’expert réunissant plusieurs professionnels adeptes de la méthode QRM.

« L’objectif du Quick Response Manufacturing n’est pas de travailler plus vite mais de façon plus fluide et de rester toujours en mouvement », explique Dominique Andreux, dirigeant du cabinet de conseil Quick Response Enterprise et intervenant à l’EM Strasbourg. Dans un contexte économique jugé plus volatile, incertain, complexe et ambigü, cette méthodologie permet de repenser les process de production ou décisionnels de l’entreprise sous le prisme du temps et non plus de l’argent. Il permet, tâche par tâche, de recenser les plages de temps utiles et les plages de temps inutiles. Les premières sont celles qui mobilisent les compétences et la valeur ajoutée des collaborateurs. Les secondes sont, en général, faites de temps morts, d’aller-retour et de corrections avec le client, par exemple. C’est le fonctionnement de l’entreprise qu’il faut alors revoir, en permettant aux salariés de s’exprimer et de prendre l’initiative pour aboutir à de nouveaux modes de fonctionnement plus agiles et adaptés à cette variabilité permanente de l’activité.

 

 

Une méthodologie utile pour les gestionnaires…

Et ce qui est valable dans une usine l’est aussi dans les bureaux. Directeur administratif et financier de la cave coopérative Wolfberger, Philippe Jager se félicite de la démarche ainsi entreprise au sein de sa direction. Sa problématique ? Améliorer sa visibilité à court terme des flux financiers et tendre vers un pilotage optimal de la trésorerie, dans un métier ou les immobilisations et stocks importants sont des enjeux absolument essentiels. « La démarche QRA - Quick Response Administration, a permis aux collaborateurs de différents services, qui ne dialoguaient pas forcément entre eux avant, de se retrouver dans un même lieu et d’échanger », poursuit-il. À la clé, une meilleure compréhension des problématiques des uns et des autres, une fluidité nouvelle dans les relations et une polyvalence accrue pour chacun. D’un point de vue opérationnel, cette démarche a, par exemple, permis de fiabiliser et de diminuer de façon drastique les délais d’enregistrement des factures fournisseurs.

 

 

… et pour l’industrie

Project Manager chez Hager group, Florence Moro, se félicite pour sa part des effets bénéfiques sur l’organisation de la production. L’entreprise, leader européen sur le marchés des composants électriques, est confrontée à la dimension volatile des marchés d’aujourd’hui : être capable de produire de petites séries de pièces, sur-mesure et livrables parfois en 24 heures seulement. La mise en place d’une réflexion au niveau des équipes, en allant chercher les compétences de chacun, a permis de répondre à ce challenge : « Nous sommes passés de tailles de lots de 500 à 50 pièces tout en réduisant les délais de livraison », explique Florence Moro. Comment ? En optant par exemple pour des moules plus petits et plus rapides à changer, ou encore en rapprochant géographiquement dans l’usine deux activités : l’injection et l’assemblage des pièces. « La restructuration de notre activité a eu comme conséquence directe la montée en compétences de nos opérateurs » note-t-elle.

Cette remarque qui vient rappeler que la gestion des ressources humaines est essentielle dans la mise en place d’une démarche QRM. « En mettant l’humain au cœur du processus, on vient déstructurer les silos, on libère l’entreprise et les talents », conclut Dominique Andreux. A condition d’avoir un soutien sans faille de la direction de l’entreprise dans le projet… qui peut être convaincue par la promesse d’une efficacité renforcée et de gains de parts de marché dans la plupart des entreprises qui ont mis en œuvre cette démarche.

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